Salem (Série TV)

Des sorcières, des amours contrariées, et du gore…

Réalisateur : Brannon Braga et Adam Simon

Année : 2014-2106

Producteur : Fox 21

Diffuseur : Netflix, WGN America

Acteurs principaux : Janet Montgomery, ShaneWest, Seth Gabriel, Tamzin Merchant, Xander Berkeley, Ashley Madekwe, Elise Eberle, Iddo Goldberg.

Durée d’un épisode : 42 minutes

Nombre de saisons : 3 (série en cours)

  • Saison 1 (13 épisodes)
  • Saison 2 ( 13 épisodes)
  • Saison 3 (10 épisodes)

Résumé : Mary et John Aden s’aiment dans le petit village de Salem en Nouvelle Angleterre. Malheureusement, le village est peuplé de puritains qui font et défont la loi en se basant sur la Bible. John mobilisé pour la guerre contre les indiens part, laissant Mary au village avec la promesse de revenir l’année suivante. Mary, ayant caché une grossesse à John, est contrainte de se faire avorter en forêt par une sorcière : Tituba. En échange de son enfant donné au démon de la nuit, Tituba lui promet richesse et pouvoir. Trois ans passent, John revient de la guerre mais Mary ne l’a pas attendu : elle est devenue Mary Sibley,  la femme du notable le plus puissant de Salem, et en secret une très grande sorcière.  Sa tâche est de tuer 13 personnes avant une nuit spéciale où la mort s’abattra sur le monde pour ne laisser vivant que les sorciers et sorcières. Manipulant les notables, et un chasseur de sorcières, elle va faire assassiner une à une les victimes nécessaire au Grand Rite en les faisant passer pour des sorcières. Mais le retour de John et ses sentiments pour lui vont perturber le processus.

Notre avis :

Une chasse aux sorcières historique

La série se base sur un épisode de l’histoire coloniale des Etats-Unis : les procès des sorcières de Salem de 1692 dans le Massachusetts. Ces procès entraînèrent la condamnation et l’exécution de 25 personnes accusées de sorcellerie, et une paranoïa puritaine.

Pendant l’hiver 1691, deux jeunes filles, la fille et la nièce du Réverend Parris de Salem, agissent de manière étrange et sont déclarées possédées par le diable. Elles commencent à dénoncer certaines personnes du village comme étant des sorcières et sorciers. Le village, en proie à des attaques indiennes, sans gouvernement légitime, et sujet à la superstition, se lance dans des arrestations et tortures sur les accusés. Les procès ont lieu avec l’arrivée du gouverneur William Phips un peu plus tard, obligeant 80 personnes à rester emprisonnées. La plupart sont pendus à l’exception d’un seul : Gilles Corey qui refuse de se défendre en justice. On lui fait subir le supplice de la peine forte et dure consistant à lui empiler sur le ventre des pierres très lourdes jusqu’à écrasement. Il agonise trois jours avant de mourir.

Les procès prennent fin en octobre 1692 avec la ruine du village. L’affaire aura un impact si profond qu’elle contribuera à réduire l’influence puritaine sur le gouvernement de Nouvelle-Angleterre et conduira aux principes fondateurs des Etats-Unis. (Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire des procès de Salem, nous vous invitons à consulter l’article Wikipédia qui lui est dédié.)

La série reprend les grandes lignes de cette histoire, avec certains personnages historiques comme Gilles Corey, le Révérend Parris, Tituba mais en mêlant le surnaturel avec la présence attestée de sorcières. On assiste en détail à tous les clichés sur les sorcières : l’animal familier, les potions, les sabbats, la séduction, les envoûtements…décrits par les chasseurs de sorcières mais aussi montrés par les sorcières elles-mêmes.

A travers les procès, on suit en parallèle une autre intrigue basée sur le personnage de Mary Sibley, sorcière et épouse du notable le plus influent de la ville. Celle-ci  cherche à accomplir le Grand Rite, permettant de « nettoyer » la terre de l’injustice et les persécutions subies par les sorcières au fil des siècles. Mais c’est sans compter sur son amour pour John Aden.

Un amour impossible

Outre de parler de sorcières, la série met l’accent sur le couple formé par Mary et John et leur amour impossible.

Les premiers épisodes laissent entrevoir que les deux amants ont évolué pendant leurs trois années de séparation. John a rejoint la cause des indiens et a tué des américains, Mary a épousé son pire ennemi et réalisé de nombreux sacrifices pour se hisser au sommet. Leurs retrouvailles ne se passent pas comme prévu : Mary est furieuse que John ne soit pas rentré un an après comme promis, et craint également sa réaction s’il apprend son statut de sorcière. Elle joue avec son mariage pour le repousser, même si ses sentiments sont toujours présents. John, marqué par la guerre est surpris par la réaction de Mary et déçu qu’elle ne l’ait pas attendu. Il l’aime toujours et essaie à tout prix de la reconquérir, malgré son statut de femme mariée. Il ne comprend pas qu’elle tienne à son mari alors qu’elle le déteste. C’est là tout le malheur de Mary : sa position de femme influente ne perdure que si son mari est vivant (mais impotent). Elle doit donc se refuser à John pour accomplir ses projets.

Chaque épisode nous tient en haleine avec les mêmes questions : Pourront-ils être à nouveau ensemble? Comment John va réagir en apprenant que Mary est une sorcière? Et qu’elle a eu un enfant de lui? Comment Mary va pouvoir vivre son amour et accomplir sa tâche funeste? Est-ce que Mary va être démasquée par le chasseur de sorcières?

Petit bémol : On ne peut que déplorer que Mary passe sont temps à pleurer à chaque épisode.

Une ode à la libération des femmes et une critique du puritanisme

Derrière cette histoire chasse aux sorcières se cache en vérité une critique du puritanisme du XVIIème siècle dans les colonies américaines. Les femmes ne sont pas libres, mais la propriété d’un mari, d’un père. La bien-pensance fait loi ainsi que la religion. Dans l’épisode 12, Tituba dit clairement pourquoi elle a rejoint le clan des sorcières : pour la liberté et la justice. Elle souhaite récupérer le pouvoir d’Etre, tout simplement, alors qu’elle a passé sa vie à être une esclave.

Par ailleurs, les méthodes employées pour « démasquer » les sorcières sont dignes de la torture. Le Révérend Matters père, chasseur de sorcières, utilise des objets tels que la poire du pape, les écrase-pouces, des couteaux, des arracheurs de seins, ce qui occasionne des scène assez gores. La chaise de noyade est également utilisée en public pour obliger la sorcière à dénoncer ses consoeurs. Mais même si les personnes arrêtées sont innocentes, ou qu’elles dénoncent d’autres sous la torture pour faire cesser ces horreurs, elles sont quand même pendues ou brûlées vives. La vérité ou le mensonge n’existent plus. Seul prédomine l’idée que l’ensemble du village doit se plier aux règles de la collectivité pour vivre sereinement.

En conclusion : Une série divertissante pour les amateurs de gore, de surnaturel et de romantisme contrarié. Toutefois, n’attendez pas une mise en scène historique de la véritable histoire de Salem. Dans ce cas, lisez plutôt la pièce de théâtre d’Arthur Miller, The Crucible (ou son adaptation au cinéma par Nicholas Hytner du même nom), critique de la chasse aux communistes des années 1950.

On notera au passage un générique adapté à l’atmosphère de la série, interprété par Marilyn Manson.

 

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