Costume et Minimalisme : l’association impossible ?

Depuis un an déjà, j’écris avec passion des articles sur le costume pour deux sites internet : Portdragon et French-Steampunk.

GN, costume steampunk, historique ou Cosplay, je me plonge dans un univers que j’admirais mais que je connaissais encore peu.

A force de merveilleuses rencontres avec des costumières de talent, des vaporistes ou des cosplayeuses, j’ai pu remarquer un point commun entre tous ces univers reliés par la passion de la couture : l’accumulation.

Adepte depuis un moment d’un mode de vie minimaliste (sans pour autant tomber dans les extrêmes non plus), je me suis interrogée sur une compatibilité possible entre l’envie de réduire ses possessions pour vivre une vie plus simple et plus passionnante (ma définition du minimalisme) et…avoir une passion pour le costume.

image : greenola.fr

J’en suis venue à certaines conclusions que j’ai souhaité partager avec vous.

Ce ne sont que des idées, parfois déjà appliquées par certaines au quotidien et qui n’ont pas vocation à être universelles. Je ne force personne non plus à les appliquer.

Mais j’espère que peut-être cela pourra vous aider, ô costumières, couturières et autres fées de l’aiguille dans votre souci d’ordre au sein de votre atelier ou de vos costumes.

1) Ne jamais acheter un tissu si vous n’avez pas de projet concret pour l’utiliser.

Vous savez, le moment où vous tombez en extase devant un tissu, des étoiles pleins les yeux et…des envies de meurtre si vous ne réussissez pas à l’acheter? (si, si, c’est du vécu !) C’est ce que j’ai constaté le plus souvent. Beaucoup de couturières, même amatrices ont tendance à accumuler des malles, des armoires, des sacs de tissus qu’elles utiliseront bien un jour pour un projet…mais à savoir quand ? et combien de temps toute cette matière va rester stockée ? et dans quel état va-t-on la retrouver au bout d’un certain temps ? Bref, l’idéal serait de n’acheter que le tissu dont vous avez besoin et de ne pas craquer pour une matière même si elle est très belle, qui va vous rester un moment sur les bras en attendant de savoir quoi en faire.

2) Recycler ses chutes de tissu.

image : l’atelierd’emma.com

Une fois un projet terminé, il reste parfois des chutes de tissu ou des éléments qu’on pourra réutiliser pour autre chose…Mais quoi?

Si la longueur n’est pas suffisante pour de grandes pièces, pensez à recycler certains morceaux pour des accessoires. Par exemple, j’ai réutilisé des chutes de mon costume steampunk pour faire réaliser un chapeau.

Vous pouvez aussi créer un pouf à chutes de tissus (outil pratique) ou procéder à des échanges avec une consoeur à qui il manque de la matière pour réaliser un projet.

Dernière option : créer de petits cadeaux en tissu comme des doudous, des porte-clés en tissu, des bouillottes de poche…à condition d’éviter de racheter encore d’autres tissus, et de pouvoir tout coordonner. Un article sur le sujet de l’Atelier d’Emma pourrait vous intéresser.

3) Si les costumes créés sont pour un déguisement temporaire, penser à réutiliser certaines pièces de costumes précédents ou coudre des pièces passe-partout.

veste à brandebourg vendue sur Belldandy.fr

A part le costume de reconstitution historique qui nécessite d’être pointilleux sur certains détails, il est possible de recycler certains morceaux de costumes pour en créer un nouveau (en faisant attention au mélange des couleurs bien sûr!). Par exemple, dans le steampunk, on trouve certains tendances pirates ou XIXème. Au lieu de créer un costume steampunk spécifiquement, il est possible de détourner une veste à brandebourg et de l’accessoiriser pour faire un costume de pirate de l’espace ou d’adapter un corset pour différentes occasions. De la même manière, penser dès le départ son costume pour être le plus durable possible en utilisant des matières ni trop chaudes, ni trop froides pour le porter en toute saison. Ou le penser en plusieurs éléments modulables, utilisables ou non selon les saisons. (Je pense aux cosplayeurs avec des costumes trop chauds pour les conventions estivales).

4) Garde-robe quotidienne/ garde de robe des costumes : et si on mélangeait les deux?

Bottines par Antoine et Lili que je porte en hiver

Le plaisir de porter un costume devrait-il se limiter à des séances de shooting? Pourquoi ne pas porter certaines pièces au quotidien pour garder ces petits morceaux de bonheur avec soi? Bien sûr, tout dépend de son métier et on ne parle pas de porter une robe XVIIIème par exemple au quotidien. Personnellement, je porte certains chemisiers qui sont aussi dévolus à mon costume de bibliothécaire steampunk ainsi que les bottines associées, dans mon quotidien sans que cela choque mon entourage. Il suffit de bien marier les pièces avec sa garde-robe et …d’oser !

5) Est-ce qu’un costume terminé doit dormir chez soi? Peut-il vivre d’autres aventures ?

Je ne parle pas des costumes de GN qui sont souvent adaptés à ceux qui les possèdent et le trésor le plus précieux de leur propriétaires. Je me penche plutôt du côté des costumes de reconstitution historique. J’ai noté que certaines costumières professionnelles prêtaient leurs costumes moyennant finances pour des shootings ou à l’atelier des Vertugadins de Paris. Pourquoi ne pas faire pareil? Il n’existe pas encore de réseau social ou de location dédié à ce genre de pratique, mais pourquoi ne pas lancer le vôtre? ou même un groupe facebook.

L’intérêt étant bien sûr de vider temporairement son placard…et de ne pas être trop attaché à ses vêtements.

6) Vendre certaines pièces.

photo: signals.fr

Le mot est lâché : vendre, autrement dit, se débarrasser d’une pièce sur laquelle vous aurez peut-être passé des heures de travail et d’acharnement.

Certes, mais…les portez-vous encore? est-ce que vous avez encore la taille de guêpe d’il y a quelques années pour pouvoir les porter? Dans le cas de premières expériences de couture, les trouvez-vous encore à votre goût?

Parfois, vendre une pièce peut soulager votre penderie et augmenter la taille de votre porte-monnaie. Et nous savons toutes que la couture, ça coûte cher !

Plusieurs possibilités : réaliser un vide-dressing entre costumières, ebay, certains groupes facebook spécialisés (la brocante des costumés par ex.)…

7) Réaliser l’inventaire de son atelier / de son dressing

photo : réserves du CNCS

Ne serait-ce que pour savoir quels longueurs de tissu il vous reste d’un projet précédent ou pour retrouver ce fameux fil bleu turquoise sur lequel vous n’arrivez pas à mettre la main sur votre projet actuel (alors qu’il est là, quelque part dans l’atelier !).

Ou encore, vous comptez réaliser un nouveau costume…mais il vous faut retrouver un corset disparu…ou vous rendre compte que peut-être vous avez assez de costumes?

Parfois, remettre à plat les choses permet d’y voir plus clair. Encore faut-il prendre le temps de le faire, et vous comme moi savez que c’est une denrée rare de nos jours…

8) Informatiser un max vos données…et les trier de temps en temps…

photo : becomingminimalist.com

Les patrons, les idées, les photos de shooting… vous le faites peut-être déjà mais ça peut prendre une place monstrueuse en terme de papiers et donc…de la place !

Après, il faut aussi apprendre à organiser ses données et trier parfois les nombreuses photos et autres images d’inspiration trouvées sur le net (vous vous rappelez, le fameux dossier sur pinterest avec les 1000 épingles?)

9) Avoir des meubles de rangement adaptés.

image : hative.com

Les accessoires d’un costume, ça peut prendre de la place, tout comme les costumes, le tissu, le fil, les chapeaux …

De nombreuses idées pas chère existent en ligne. Il suffit de trouver les bons sites pour s’en convaincre et mettre fin au désordre ambiant qui pourrait régner dans l’atelier. Exemple : les ikea Hacks. Les étagères Kallax sont idéales pour ranger des accessoires… ou des tissus en se transformant en table de découpe. Cet article du site jefaismoimême.fr présente plusieurs astuces de rangement pour les couturières mais il en existe plein d’autres sur internet.

10) Prioriser et…mener à bien ses projets.

photo : esmod-edition.com

Parfois, mille idées viennent dans votre esprit et vous partez dans tous les sens. Rien n’est terminé au final car…vous vous êtes dispersée sur trop de projets.

Ou encore, vous avez commencé quelque chose et …avez arrêté car : 1) il vous manquait du matériel, 2) il vous manquait de l’expérience, 3) cela vous tapait sur les nerfs.

Réaliser plusieurs projets l’un après l’autre peut être barbant en terme d’organisation mais au moins, vous êtes sûre de vous concentrer entièrement sur ce projet. Et si vous éprouvez des difficultés, demandez conseil à une consoeur ! Cela évitera à votre robe XVIIIème de rester inachevée pendant un an, attendant votre retour dans sa housse, au fond de votre dressing…

Simplifier son dressing ou son atelier, gérer son temps…cela vous donnera l’impression de maîtriser un peu mieux ce que vous faites et peut-être plus de temps pour porter vos costumes ou faire des sorties shooting. Le but étant de vivre sa passion et de ne pas se laisser envahir par elle…

Vous l’aurez compris en lisant l’article, mes conseils portent aussi sur le rangement et pas seulement sur le fait de moins accumuler. Difficile de toucher à une passion quand on parle de minimalisme, mais j’espère au moins vous avoir apporté quelque chose.

Si vous avez d’autres idées ou si vous souhaitez apporter une précision à mon article, n’hésitez pas à laisser un commentaire, cela me fera très plaisir.

Vaporeusement vôtre,

Lady Portdragon / Miss Chatterton

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Une réponse à Costume et Minimalisme : l’association impossible ?

  1. Mathilde dit :

    Bonjour !
    Je viens de tomber par hasard sur votre article au grès de mes recherches qui portaient justement sur le minimalisme et le costume. Je trouve votre article tout à fait juste et qui me touche particulièrement. Je vis en studio depuis quelques années déjà et la question de la place et du rangement à tout de suite était une vrai questio, puis y est venu s’y greffer mon envie de minimalisme il y a 2 ans environ. Aujourd’hui, j’essaye de faire régulièrement du tri mais dès que l’on touche à la couture ou à mes autres passions créatives… et bien j’ai du mal. Même avec un tri par le vide, suivi d’un bon rangement, je me retrouve encore avec avec deux étagères (2m de hauteur, 90 cm de largeur pour 30 cm de largeur) pleines de matériels et fournitures (costumes/tissus/machines).

    Je voudrais également apporter ma « pierre » à l’édifice : pour les livres de costumes, privilégier l’emprunt en bibliothèque. Pour ceux qui sont à Paris, les bibliothèques spécialisées regorgent de livres sur le costumes (la bibliothèque Forney en particulier), l’inscription est gratuite. Vous pouvez également passer par les bibliothèques universitaires : pas besoin d’être étudiante pour s’inscrire, c’est comme en bibliothèque municipale, en général l’adhésion est de 35€/an. Vous avez accès au fonds de la BU mais vous pouvez également utiliser le service du PEB (prêt entre bibliothèque) pour faire venir des livres d’autres BU. Sur http://www.sudoc.abes.fr, vous avez accès au catalogues collectifs de toutes les BU.

    Voilà voilà !

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